Libra libra voit tout

De ses milliers d'yeux qui s'ouvrent se ferment se reconstruisent il scrute Libra tout ce qui ne le regarde pas intangible omniscient toujours toujours présent il ne manque rien libra la justice sur les iris libra sait

Alors comme une statue il ne dira mot que lorsque ce sera nécessaire, dénonciateur Libra justicier il fera son travail ce pourquoi il a été créé Libra le corps imprégné des lois du respect il finira par le savoir Libra si vous avez quelque chose à vous reprocher
Car Libra voit voit à travers vous ses yeux ses yeux se tordent chaque seconde il enregistre épie lit tâte trouve nourrit cette irrépressible envie de tout voir savoir comprendre juger juger juger JUGER car Libra a toujours raison
Les excuses ne seront que des preuves de culpabilité il verra verra le mal de chaque parcelle de votre peau dégoûtante baignée du pêché Libra lave son corps malhabile façonne de la droiture pour oublier oublier que libra n'est que pâte à modeler

libra ne comprend pas pourquoi on change d'avis pourquoi pourquoi on ne respecte pas ce qui a été écrit gravé pour toujours sur sa peau délavée libra pot fragile se brise contre vos défauts et son cœur d'argile

car libra sait libra doit savoir obsédé par cette perfection inatteignable cette justice inviolable qui de son corps s’empare pour créer une créature que plus rien n'altère que tout tout désespère
mais libra ne sera jamais plus dur que son jugement car ses yeux même se perdent lorsque son modèle ment

alors la justice aveugle ne veut plus rien comprendre et se contente de voir ce qu'on a construit d'elle dans ces yeux qui en sont que terre éternelle

Elle défie la gravité dolly
Brille dans la nuit comme l'étoile qu'elle incarne illumine la galaxie de cette facette dans laquelle elle se perd brûle de ses pas ardents sous ces regards qui l'ont vue grandir on la connaît dolly simple poupée de porcelaine au visage boudeur on l'acclame dolly dolly poupée dansante ou autre boite à musique personne ne sait ce que dolly ressent dans son cœur qui ne broie que du vide -

Comme une faille dans le mécanisme comme une fracture sur son visage fragile dolly ne peut pas aller contre elle-même elle le sait simple poupée aux articulations rouillées elle doit continuer de danser dolly toujours ne sait pas dire non forcée par son propre gré elle ne saurait tout arrêter dolly.

Et à chaque fois lorsqu'elle pose son pied sur scène le même pincement juste avant qu'elle ne pose son autre pantoufle de cristal juste avant minuit dolly toujours la même certitude juste une dernière fois elle se répète à elle-même mais elle ne peut pas décevoir pulsar Dolly enfermée dans sa propre notoriété elle se sert le cœur quand les lumières s'éteignent elle s'oublie s'abandonne Dolly clown ou mannequin vérité ou artifice et quand la foule n'est plus dolly ne chante plus que sa mélodie solitaire de notoriété ineffable sur son visage bien trop coloré à l'âme bien trop fade pantin ou imitation,

dolly enfermée dans une coquille porcelaine non
dolly n'est que marionnette

Merzhin c'est le paradoxe d'un homme-machine fait pour détruire qui ne désire que créer. Il est fort, Merzhin, il fait peur, avec ses muscles d'acier et son regard dur ; on craint rien que de lui serrer la main, et on a bien raison parce que Merzhin ne sait pas gérer sa force. Alors Merzhin brise, Merzhin détruit, Merzhin fait mal et Merzhin se répand en excuse parce que vraiment, Merzhin est tout sauf méchant.  Simplement pas très à l'aise avec les autres, un peu timide dans le fond, à se cacher derrière des lunettes qui ne le rendent que plus effrayant. La vérité, c'est que Merzhin crée. De ses mains sèches il répare, façonne, construit des robots de toutes sortes ; comme un médecin des artificiels et même une mère, il donne vie à des êtres mécaniques. Merzhin partagé entre sa force brute incontrôlable et son désir de construire, obsédé depuis la nuit des temps par une seule idée : créer Vyvian.

Merzhin, c'est un homme-machine amoureux d'un songe, d'une femme qui n'existe que dans sa tête. Merzhin amoureux fou d'une idée, l'espoir au bout des doigts de pouvoir enfin donner vie à celle qu'il fantasme depuis trop longtemps.

Sisyphe est une bombe.

Dans sa poitrine, contre son moniteur magnétique, existe une bombe. Depuis longtemps, au temps de l'implantation des racines et branches, Sisyphe vit dans la peur qu'un jour, tout ça dérape. Un créateur au sadisme un peu trop poussé y aurait voulu un salut pour toute la pulsanité. Mourir avec les autres, détruire le monde avec soi-même. Sisyphe a peur, ressent la peur, la vie parce que si elle flanche, tout le monde tombe.

Alors le monde entier est devenu la chose à craindre, et par souci du bien d'autre, Sisyphe est devenue une ombre, cachée dans les recoins, tapis contre les pavés. Pour cette artificielle qui ne demande rien d'autre qu'un peu de courant pour marcher, pas besoin de sortir en ville, entourée de tous ces gens qu'elle pourrait tuer sans faire attention.

Sisyphe a peur, pas des gens, mais d'elle-même.

Depuis longtemps, son cœur explosif ne marche plus. Elle ne s'en est pas aperçu, mais poussée par l'envie de protéger tout être vivant, elle s'est recluse dans le Foyer Ardent de Cogstrom. Peu de gens la connaissent vraiment, si bien qu'il est impossible à ce jour de savoir si morte ou vivante elle demeure.

Smuck, il voulait être un quelqu'un de bien, quelqu'un de propre sur lui, cravate serrée chemise blanche il essaye de toute ses forces mais mais Smuck c'est un déchet de la société et il le sait, ramassis de pétrole dans une enveloppe de plastique ou qu'il passe il laisse sa trace dégoûtante comme un réservoir percé
Drôle de réaction chimique née du désert d’où il a jailli un jour sans comprendre pour finir par apprendre que les gens comme lui n'ont pas leur place ils sont trop sales mais Smuck Smuck ne désirait rien de moins que d'être un sale type.

Il vit avec la peur qu'on le déteste
Et le sac plastique qui lui sert de tête saute sous la pression du geyser de ce pétrole coulant en lui pourtant il persévère il veut être quelqu'un de bien il veut rendre service – simplement service – sans rien demander en retour il va traîner dans les coins sombres là ou se cachent les monstres pour vous protéger sans jamais rien en dire sans jamais laisser parler ses rêves

car Smuck a peur tellement peur des autres et dans le fond il sait qu'il suffirait d'une allumette d'un dragon en colère pour le faire exploser lui et les alentours et si Smuck a toujours eu l'habitude d'être repoussé il n'a jamais appris à se forger un cœur ignifuge à ce monde plein de dangers pour lui.