Elle en fait toujours trop Lambda il lui en faut toujours plus, scintillante d'une lumière aveugle Lambda toujours dans l'excès de se voir briller, dans la satisfaction de se sentir s'enflammer.

Comme la lumière insaisissable Lambda inégalable toujours tout mieux que les autres toujours plus vivante toujours plus éblouissante – et parfois Lambda de ses rires incessants de sa resplendissance aveuglante, et souvent Lambda de ses airs surjoués et de sa réalité édulcorée.

On la connaît un peu trop Lambda toujours trop prévisible trop présente pour être suivie trop réelle pour n'être que brillante Lambda tant qu'à vivre sera éclatante, parce qu'elle sent Lambda l'énergie dans ses cheveux, la flamme qui brûle dans ses yeux.

Mais trop blanche Lambda finit par irriter de ses réactions exagérées de ses cris trop haut perchés on aimerait l'arrêter Lambda l'éteindre pour se reposer, pour estomper l'envie qu'on a de la claquer.

Mais au fond Lambda n'est pas une méchante fille vous savez,
Elle voulait juste exister.

Parce que pour Lambda il vaut mieux griller à force de briller que de rester un rayon égaré.

Les apparences sont trompeuses.
Et Ferdinand lorsque l'on dit son nom voudrait que l'on frissonne de peur, Ferdinand lorsqu'on le voit marcher la tête haute le pas sûr voudrait que l'on se prosterne face à lui, et Ferdinand lorsqu'il parle voudrait que la terre tremble de sa voix mâle.

Ferdinand.

Ferdinand lorsque l'on parle de lui, oh Ferdinand l'un des hommes les plus influents de Pulsar, directeur économique de Grotopia, proche du roi, requin en affaire, on l'imagine tellement grand tellement surprenant Ferdinand dans un costume trois pièces bien taillé, on voit rarement à quoi ressemble Ferdinand.

Parce qu'au moment même où on vous présente Ferdinand le grand Ferdinand, la vérité éclate au grand jour comme une mauvaise plaisanterie on croit que c'est une blague, mais pourtant voici le vrai Ferdinand, emblème de la réussite sur Pulsar.

Ferdinand n'est qu'une petite sucrerie que l'on pourrait avaler tout rond.

Alors on le regarde de haut Ferdinand, on se moque de Ferdinand comme d'un enfant insouciant alors Ferdinand tire sur les manches de son costume trois pièces hors de prix relève la tête d'une moue boudeuse qui le rend craquant

« J'ai à faire, monsieur. Je vous prierais de bien vouloir déguerpir de mon établissement. »

Trop. Mignon.

Et ses gardes du corps rappliquent.

On ne se moque pas de Monsieur Ferdinand.

Qu'elle est belle Mother Nature qu'elle est belle comme un antique tableau d'une princesse oubliée comme une ancienne photographie aux coins brûlés qu'elle est belle Mother Nature de sa jouvence factice de ses airs de dominatrice, Qu'elle est belle Mother Nature on y aurait tellement cru, Mother Nature.
Mais cette femme n'est plus qu'un épilogue ;
Le constat flagrant d'un échec cuisant, de la désolation dans l'annihilation.
Mother Nature n'est plus qu’abomination, chimère d'erreur et d'incompréhension, de stagnation noyée dans la corruption ;  reflet d'une constante putréfaction, de régression dans l'abandon.

Et elle gît juste là Mother Nature, traîne sa carcasse comme l'ultime condamnation crucifixion Mother Nature vomit des blasphèmes s'ouvre d'elle-même le cœur a fleur de peau elle blesse Mother Nature blesse comme on l'a annihilée Mother Nature déteste, oh exècre, répugne, abhorre cette constante mort qu'elle arbore. 

Mais elle vit, Mother Nature, subit sa propre existence comme une mise à mort.
Elle l'a en elle, Mother Nature, cette contamination ; sur sa peau, sur ses lèvres, le long de sa gorge, dans son cœur, dans ses entrailles, dans ses viscères. Elle a mal, Mother Nature, mal de n'être plus qu'un paradis abandonné.

Qu'elle était belle, Mère Nature.

Charlotte et ses cheveux colorés, ses yeux trop grands trop clairs, Charlotte et son sourire fou, Charlotte mad cat, ses infusions aux champignons et ses cupcakes à l'arsenic. Elle vous vendra du rêve, du sucre et du suicide ; mort lente et douloureuse à douce et hallucinogène, trips à l'acide, tilleul pour dormir. Un salon de thé dans le tube de Cassiopeïa au beau milieu des boutiques, cafés et friperies.
Charlotte malade, qui traîne son diabète depuis sa naissance – merci maman et l'hérédité – accro au sucre qu'elle intègre en abondance autant à ses pâtisseries qu'à ses tisanes ; Charlotte enthousiaste, excessive, excitée d'un rien ; Charlotte irritable, vicieuse, lunatique. Charlotte vénale, aussi, jolie Charlotte plus attirée par ce qui brille que par les gens, auto-suffisante, égoïste, et sûrement un peu seule aussi. Charlotte qui si elle n'a pas sa dose de sucre ou en abuse se met dans des rages folles et casse tout ce qui lui passe sous la main, théières, tasses, jolis vases fleuris de son salon. Charlotte trop colorée, trop volage, trop inconsciente, trop ceci, trop cela et Charlotte vous emmerde.
Charlotte pas toujours aimable ; mais Charlotte vous vend du rêve, des nuages en barbe à papa et de l'extase en barres. Alors on fait avec.

Sonntag ne brille pas – elle vole la lumière pour la cacher dans son cœur et l'emporter dans sa poche, à toujours courir, sursauter et virevolter, elle a faim de toute cette énergie qui la fait grandir, elle l'absorbe de tout son corps et dans son âme aussi. Parce que pour Sonntag, tant qu'il y a du soleil, il y a de l'espoir, de l'optimisme et des fleurs – et de quoi a-t-on besoin pour être heureux que d'un pissenlit dans les cheveux et une grande herbe entre les dents, après tout ?
Sonntag dance sur un fil de rien, de joie simplissime obtenue en tendant la main, presque égoïstement – solitaire, tellement solitaire face à ces autres étranges et aveugles à beauté de ce qui les entoure, ces autres adultes trop vieux pour jouer à la marelle à la course à s'écorcher les genoux sur les petits cailloux du hasard et à qui elle n'a pas envie de parler.

Sonntag, elle n'a pas envie de voir un nuage dans son ciel. 
Froussarde, c'est encore une gamine, une gamine qui a peur du noir et des nuages, des monstres sous l'herbe quand elle dort à la belle étoile, qui sursaute quand une branche craque – parce que même la plus grande optimiste du monde a un peu peur quand même. Sonntag sait. Elle sait que le soleil continue d'exister lorsqu'il pleut, elle sait mais sa naïveté l'emporte un peu aussi, et si un jour la lumière disparaissait ? 
Mais elle garde au moins, la plus importante des certitudes

l'insouciance gagne toujours.