Ah, Nacrin.
Il est si beau Nacrin pourtant ses yeux brillants cette perle ces soupirs désespérants les épaules carrées on dirait un mauvais garçon un peu boudeur Nacrin on pourrait même dire qu'il en est un, mais ce n'est pas ce que l'on retiendra le plus à son propos. Parce qu'après tout Nacrin s'en fout.
Il pourrait tant briller Nacrin le soleil sur sa peau bronzée mais il ne fait rien Nacrin dans un coin les yeux fermés de la bouffe plein la bouche - quand c'en est vraiment, il lui est déjà arrivé de manger du sable par dépit – il se détend Nacrin parce qu'il ne sait rien faire d'autre.
Navrant Nacrin sans aucun but dans la vie élastique petite huitre collée sur un rocher porté par le courant du temps il dort Nacrin les choses se passent les rêves se cassent il en croit plus en rien Nacrin, il vit mais en vrai il a déjà fini.
Pourtant il n'a rien de très particulier Nacrin, pas dépressif ni même lassé pas de grands buts ni de pensées révoltées pas de plans déchaînés ou de passions bien gardées il n'a honte de rien Nacrin, si ce n'est peut-être de ne pas savoir trouver sa voie.
Alors il est là Nacrin comme un cours d'eau tranquille il laisse faire les choses, un peu blasé sûrement il fait les choses simplement, sa peau collante sous une coquille de jem'enfoutisme exacerbé il laissera la pluie tomber Nacrin jusqu'à ce qu'une perle se forme jusqu'à ce qu'il comprenne Nacrin qu'il n'est plus temps qu'il dorme.
Mais il est comme ça Nacrin. Il ne demande rien. Rien mis à part une vie tranquille, pas de soucis de conflits, pas de vagues dans le cours de son existence.
Il ne voulait rien de tout ça Nacrin.
Car sa perle c'est sa tranquillité.

Oh belle Lorelei, on aimerait l'entendre chanter la voir nager doucement la peau luisante les clapotis de l'eau rythmant sa mélodie, oui on verrait bien Lorelei telle une superbe sirène la voix aqueuse les formes voluptueuses elle ne surprend pas Lorelei, Lorelei et sa calme beauté.
On se dit en la regardant qu'elle doit être comme ces beaux clichés que l'on entend dans les contes, parce qu'on croit la connaître la comprendre Lorelei, douce et silencieuse cette mine un peu triste Lorelei elle est comme toutes les autres. Alors on l'aime Lorelei. On veut on souhaite être tout prêt de Lorelei.
Mais on l'entend respirer fort on voit on voit maintenant au creux de ses lèvres écarlates au fond de sa gorge sa gorge abyssale les dents qui coupent coupent les rêves qui teignent l'eau d'une belle lueur rouge rouge comme ses cheveux. On l'entend doucement s'excuser Lorelei, le regard un peu plus triste la mine un peu plus plus factice profonde comme son océan de mystères elle s'excuse elle a peut-être aussi mal que vous Lorelei
Lorsqu'elle vous dévore pour continuer encore encore de vous tromper plongée dans sa mer de mensonges.
Et les regrets la tapissent Lorelei son visage lisse tâché de l'eau de ses larmes torrentielles elle doit faire semblant Lorelei semblant pour vivre pour vivre elle doit être la sirène dont vous rêvez.
Alors elle reprend un petit air langoureux, silencieuse, et on la voit belle Lorelei, le sourire d'une provocante mélancolie, le masque de la beauté la plus fatale.
Parce qu'après tout, n'était-ce pas le rôle de beaucoup de sirènes de perdre les marins ?

Léger comme une brise de printemps, Séraphin s'élève doucement vers le ciel les joues gonflées le cœur léger Séraphin ne se soucie de rien. Porté par le courant il se déverse colle ses parois fragiles contre les murs froids du Palais des Anciens, oh Séraphin ne comprend pas grand chose à ces histoires là.

Ce qu'il aime Séraphin c’est voler plus haut plus haut que là surface là où le vent souffle où l'air étouffe de joie Séraphin rêverait de briller encore et toujours dans le ciel noir de l'univers, ses couleurs acidulées allumant le reflet des étoiles qu'il est insouciant Séraphin, désobéissant aux adultes le cœur un peu aventureux il sourit Séraphin, pur comme l'eau douce des apaisants ruisseaux de la terre des songes, où il fuit parfois loin des responsabilités Séraphin ennuyé des remontrances il s'enfuit.

Et puis taquin souriant presque toujours attendrissant il voudra aller partout Séraphin presque ignorant de ce qui se trouve tout là dehors des questions plein la bouche presque un peu stupide Séraphin mais on lui pardonne, parce qu'on sait que Séraphin Séraphin ne vous veut que du bien.

Car fragile petit Séraphin le corps et l'esprit encore si fins il ne veut pas encore écouter le petit prince héritier, descendant le plus pur de la lignée du sang bleu d'Aspera il préfère de loin ses couleurs sucrées Séraphin, car le savon pique les yeux et n'est pas fait pour autre chose que laver les soucis
à coup de bulles qui s'envolent avec légèreté.

On lui avait soufflé l'idée et elle s'était implantée là, dans sa tête un peu difforme.

Candle aurait pu être comme tout le monde, un peu plus reclus de la société parce que différent. Mais quand une différence formate un mode de vie et un aspect physique, le regard des gens n'est jamais le même. Candle est un bernard l’hermite, un escargot de la mer. Libre, sa maison, sans loi ? Souvent les gens font l'erreur de penser que la liberté s’obtient par la naissance. Candle n'est pas comme les autres parce que Candle n'est pas normal.

C'était venu par allergie, cette peur de la mer, cette horreur de l'eau et de toute surface aqueuse. Il en avait voulu à sa nature, d'être né dans un mauvais corps, de pas avoir su faire le choix et accepter qu'une phobie ne déterminerait pas tout une vie.

Mais Candle est qu'un escargot de la mer. Un escargot avec une poubelle en tant que maison.
Et c'est tellement facile de s'en prendre à la différence quand elle est trop visible sur un corps étranger.

Alors Candle, il n'y a que deux façons de le concevoir.
La plus commune est de le voir comme inférieur, parce qu'est-ce que cet être si ce n'est un problème génétique sur l'histoire de Pulsar ? Regardez-le avec  ses lunettes et ses yeux trop grands, quel immondice. Quel déchet. La plus part des gens le verront de cette façon, et quelque part, lui-même le pensera aussi.

Et puis il y a l'autre partie du monde qui conçoit que sous sa nature, il y a de l'or. De l'or en cristal, de l'argent en barrette.

Mais l'idée, cette idée qui s'est implantée un jour est toujours la plus importante pensée qui le pousse en avant. Parce que Candle déteste se remettre en question, sans doute aussi qu'il a accepté sa condition.

Candle veut être ingénieur.

Apoptose mort programmée défini pour détruire affamé Apoptose à jamais prédateur tentaculaire il rôde droit effacé - destruction.

Il n'y a rien d'autre que ça dans la tête d'Apoptose.
Créé pour dévorer sénescence inéluctable Faucheuse à la membrane poisseuse il n'attend que ça les yeux grands ouverts comme l'estomac ; tremblant sec brusquement il bondit comme la loi de la nature l'a prédit Apoptose dans le milieu aqueux qu'est la vie vos corps vos êtres n'attend que le signal de votre souffle qui s'éteint pour se repaître de vos cadavres décadents.

Mais cela ne suffit pas à Apoptose.

Car il en faut encore, il y a bien trop bien trop de déchets à digérer trop de cadavres qui peuvent encore marcher, vous n'êtes pas assez morts dans le monde stérile d'Apoptose - ce n'est pas assez propre, et l'eau est encore souillée de vos êtres ignobles vos âmes putréfiées. Alors fier Phagocyte difforme créature aux cellules toujours plus proliférantes, Apoptose est une lignée immortelle qui s'étend de ce qu'il dévore de vous.

Mais il en faut encore.

Car tant qu'il y aura de la vie, il y aura Apoptose.