Plus rêveuse qu'aventurière, plus passive qu'active, si elle aurait voulu un super pouvoir cela aurait été de pouvoir lire dans les gens comme dans des livres ouverts. La curiosité est un vilain défaut Icare, ce n'est pas la qualité que ton père t'a décrite. C'est elle qu'il aurait dû condamner, ça et ta trop grande ambition. Ton orgueil a été durement mit à l'épreuve, tu étais fière Icare. Fière, comme un coq. Tu es peureuse Icare. Comme une autruche. Maintenant tu as honte, tu fuis la lumière que tu as si longtemps souhaitée. Tu voulais briller Icare, tu as montré à qui voulait le voir ta parure colorée, mais maintenant tu es grise. Tu décides de quitter les projecteurs, de vivre dans l'ombre, servant de médiateur, racontant des histoires mêlant réalité et fiction, te voulant invisible “ comme un bon narrateur ” si je puis te citer. C'est ce que tu es devenu, fière d'être invisible, vivant par procuration comme le parasite que tu as toujours été. Ton heure de gloire est passée, il ne te reste plus beaucoup de temps Icare, mais tu te sens investie d'une mission: écrire l'Histoire comme si tu n'y avais jamais participé.

La vanité est un vilain défaut Icare. Tu l'as appris à tes dépends, ton histoire n'est pas dramatique, elle en serait presque pathétique et au final elle ne vaut pas le coup selon toi d'être racontée, il manque toujours la dernière chute.

La première chute, tu ne l'as pas vécue consciemment, tu  n'étais qu'un œuf à l'époque quand ta mère a t'as caché dans un nid qui n'était pas le sien. Cela n'a rien d'extraordinaire, c'est même très fréquent mais ça condamne aussi généralement les œufs déjà présent, l'intrus poussant les oisillons du nid. C'est-ce qui est arrivé apparemment, c'est ton père qui te l'a dit. C'est lui qui s'occupait du nid, il t'a quand même élevé et aimé, il t'as expliqué pourquoi tu ne lui ressemblai pas, pourquoi tes plumes étaient différentes et pourquoi vous ne deviez voyager que de nuit et jamais pendant les jours de pluie. Le papier ça brûle, le papier ça gondole, le papier ça meurt et vite.

Mais tu n'as jamais été douée pour écouter les ordres et au bout d'un an à voyager avec ton père, tu as décidé de lui montrer que tu pouvais te débrouiller sans lui, voir le monde et lui raconter tes périples en rentrant. Tu as voulu commencer fort et tu es allée sur lvl-9, tu as été stupide Icare, tu ne t'es pas renseignée, toi qui croyais tout savoir. Tu t'es retrouvée coincée. De nuit la planète est dangereuse, mais de jour ? elle te brûlerai vive.

Au bout d'une semaine, tu as quand même essayé. Tu as couru, ne pouvant pas voler, protégeant ta tête avec tes plumes que tu senti brûler. Tu n'es pas allée très loin, mais assez loin pour trouver où t'abriter et soigner tes blessures. Tes plumes sont parties, tu ne pourra plus pavaner avec tes plumes multicolores, tu ne pourra plus les faire tourner quand tu danse, pas même le peu qu'il te reste de plumes ne pourra plus jamais tourner autour de toi, pour cause durant ta course, tu as dû marcher dans l'eau, faisant fondre tes chevilles, en séchant elles ne sont plus que froissées, presque déchirées à l'extérieur, mais les ligaments sont déchirées à l'intérieur. Tu ne dansera pas plus que tu ne marchera Icare, là a été ta seconde chute.

Tu as renoncé à partir d'un moment, tu t'es résignée à mourir en tant que parasite dans le cadavre d'arbre que tu as envahi, te nourrissant de ce que tu pouvais attraper et te racontant des contes à toi-même, l'histoire changeant au fil des jour pour devenir presque inintelligible. Mais pas tu ne sais quel miracle, ton père t'as retrouvé, tu le connaissais grand aventurier, il est venu et a bravé les dangers de la nuit pour toi, mais tu n'as pas pu le suivre. Il a attendu le jour, te faisant croire qu'il pourrait survivre au soleil, et il s'envola, te protégeant du soleil par ses ailes, te faisant croire qu'il ne souffrait pas, mais lorsqu'il se décomposa en plein vol et te lâcha sur la terre des songes te laissant seule, désorientée, sans pouvoir marcher et avec une petite voix mesquine à l'arrière de ton crâne qui siffle "l'intrus finit par tuer le nid".