-Beurk !
Tel fut le premier mot de cet inconnu qui s’enfonça dans la caverne de glace. Il venait de marcher sur quelque chose de visqueux, un peu verdâtre dont émanait une agréable odeur… Le bonhomme regarda sa semelle, dégouté. D’où venait cette chose tout droit sortie des entrailles de l’Enfer ? Il scruta les alentours et compris vite d’où sortit cette atroce bouillie. Des grands yeux jaunes le fixaient. Une petite créature ne se tenait pas loin de lui, cachée derrière un rocher.
-Berrk ! essaya de répéter celle-ci.
Ce drôle de machin avait de mal a prononcé ce mot pourtant si simple. Il roulait le ‘r’ et ça sonnait comme un rot… Le machin fixait aussi le bonhomme. C’était une sorte de nain avec une barbe rousse plus grande que lui et des feuilles ornaient son crâne et cachaient ses petits yeux renfoncés dans leurs orbites. Pour mieux observer la chose, le nain enleva les feuilles qui gênaient sa vue. Quel monstre bizarre. Qu’était-ce exactement ? Une chauve-souris ? Non, les chauve-souris ne possèdent pas de bec. Un aigle ? Non, les aigles ne possédaient pas quatre pattes mais deux. En tout cas, c’était mignon. Le nain, qui se trimballait avec un sac à dos surdimensionné pour lui, sortit un gros bouquin. Il tourna, il tourna et retourna les pages de celui-ci.
-Ah ! s’exclama-t-il.
Puis, il pointa son gros doigt sur une image et y lu son descriptif. Un Griffon Poilu ? Jamais entendu parler, se disait-il.
-Ah ! imita la créature en question.
Mais que faisait-elle ici ? Elle devrait être près de sa mère, normalement. Mais si elle est partie, ça ne valait certainement pas la peine de la rechercher. Elle l’avait sûrement abandonnée. Le songeait à le garder avec lui. Ça pouvait faire un redoutable allié. Mais d’abord, il fallait lui apprendre à parler.
Berkk savait enfin parler ! Ou presque… Quelques lacunes persistaient encore mais le griffon savait se faire comprendre. Plus ou moins. Mais le plus important, c’est qu’il comprenait ce qu’on lui disait ! Il a fallu plusieurs années au nain mais il a réussi. Seul bémol…
-Maman ! piaffa le griffon.
Par inadvertance, le nain lui avait appris à dire ‘’maman’’ et depuis, Berrk l’appelle comme ça. Le plus gênant, c’était en public. La boule de poil aimait dire à tout le monde à quel point sa ‘’maman’’ était douce, gentille et cool.
Ensuite, contrairement à ce qu’avait pensé le nain, Berrk ne savait pas le protéger. Le griffon avait perdu son instinct animal et ne sentait désormais plus le danger. Mais c’était un très bon animal de compagnie et était toujours là pour le nain. Berrk le suivait partout. Même pour voyager de planète en planète.
Prochaines destination pour nos compères : Cogstrom.
Mais que se passait-il dans la tête de Berrk ? Tout était flou. Un visage ridicule sans expression se penchait au-dessous de lui. Il n’avait pas de bouche pourtant il émettait des sons et deux billes bleues foncées semblait regarder Berrk. Des yeux ? Mais ils n’avaient pas de pupilles…
-Maman ?
Le griffon peinait à offrir son bec pour parler. Ces muscles le picotaient et sa tête lui faisait atrocement mal. Quelle désagréable sensation ! Quand sa vue fut rétablie, il se redressa rapidement. Où était le nain ? A la place, ce dressait un tas de métal qui ressemblait à un squelette. Berrk le fixa longuement. Finalement, il bougea la tête de droite à gauche.
-Pas maman…, conclut-il déçu.
Il fit la moue. Il pensait que le nain serait là pour lui mais non, c’était quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui ne connaissait pas. Et quand on ne connait pas quelqu’un… On se présente !
-Berrk ! fit le griffon tout joyeux. Toi appeler comment ?
La créature métallique pencha la tête sur le côté. Il ne comprenait pas où le griffon voulait en venir. Ce langage primitif n’était pas encodé dans sa base de données… Existe-t-il vraiment une civilisation qui utilisait cette langue sous-développée ?
-Berrk ! Et toi ? réessaya la boule de poil.
Le robot pencha la tête sur le côté. Tout en examinant la créature, il réfléchissait à la signification de sa phrase. Puis, il eut une illumination :
-Robot Soigneur Matricule C-245. Enchanté, Berrk, répondit-il de sa voix métallique.
-Matricule ! Matricule ! répéta Berrk pour l’enregistrer dans sa mémoire.
Evidemment, un nom aussi long était trop compliqué à retenir pour Berrk.
-Matricule ami de moi !
Soudain, Berrk se coupa lui-même dans son élan de joie. Maman n’était pas là… Où se cachait-elle ? Il ferma les yeux pour se concentrer. Mais c’était difficile pour Berrk de se concentrer ! Ça fait mal au cerveau… Il se souvenait vaguement d’une fusée… Mais où était cette fusée ? L’oiseau s’efforça de rassembler ses souvenirs. Mais oui ! La fusée se trouvait à…
-Cassiopeïa ! Fusée… soupira-t-il.
Berrk ne savait pas où trouver de fusée et encore moins en piloter une. Il avait déjà essayé une fois et Maman n’avait pas été contente. Au contraire, Berrk se souvient encore de son visage colérique. Le regard du Griffon Poilu se dirigea vers Matricule. Berrk lui fit alors ses yeux de chiens battus tout mignon en espérant faire craquer la batterie qui servait de cœur au robot.
-Moi veut aller à Cassiopeïa ! Mais pas savoir piloter fusée…
Berrk a bien atterri à Cassiopeïa grâce à Matricule. Ce dernier est reparti sur Cogstrom.
Maman n’est pas là.